Vous venez de recevoir vos résultats de votre bilan phosphocalcique : calcium, phosphore, vitamine D, PTH… et vous ne savez pas comment les interpréter ?
Dans cet article, je vous explique comment comprendre facilement vos résultats grâce à un outil pratique et des explications claires, pour que vous puissiez rapidement adopter les bons réflexes et prendre soin de votre santé.
Sommaire +
Interpréter votre bilan avec le formulaire
Pour vous aider à interpréter rapidement vos résultats d’analyse et à vous rassurer, vous pouvez utiliser le formulaire ci-dessous.
Interprétez votre bilan phosphocalcique :
Il vous suffit d’indiquer vos résultats avec les unités indiquées dans le formulaire.
En quelques clics, vous obtiendrez un résumé clair vous indiquant si vos taux sont dans la norme.
Rappel : ce calculateur est un outil pratique d’aide à la compréhension, mais il ne remplace pas l’avis d’un médecin ou d’un diététicien.
Si vous avez un doute, n’hésitez pas à faire une capture d’écran de vos résultats et à me l’envoyer par mail avec vos questions ; je me ferai un plaisir de vous aider.
Indication de la prescription d’un bilan phosphocalcique
Pourquoi faire un bilan phosphocalcique ?
La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande la réalisation d’un bilan phosphocalcique dans les situations suivantes :
- Pour évaluer des troubles osseux ou rachitiques : permet de vérifier et de détecter des anomalies minérales dans les os.
- Pour suivre une insuffisance rénale chronique (IRC) : permet de surveiller l’équilibre du calcium et du phosphore, car les reins régulent ces minéraux et leur fonction peut être altérée selon le stade de la maladie.
- Pour les patients hémodialysés : contrôle très régulier (calcium et phosphore) toutes les 2 à 4 semaines, car la dialyse et les insuffisances rénales perturbent fortement l’équilibre minéral dans le sang.
- Pour diagnostiquer ou suivre une hypophosphatasie : permet de détecter les anomalies minérales caractéristiques de cette maladie rare.
- En cas de signes d’hypocalcémie sévère (bilan associé à un ECG) : si vous présentez des crampes intenses, des picotements ou des troubles du rythme cardiaque.
Qu’est-ce qu’un bilan phosphocalcique ?
Un bilan phosphocalcique est un examen sanguin qui permet de mesurer le taux de calcium et de phosphore dans le sang, ainsi que les éléments qui régulent leur équilibre, comme la vitamine D et la parathormone (PTH).
Pour qui est-il recommandé ?
- Hommes et femmes de plus de 55 ans, et femmes ménopausées.
- En présence de facteurs de risque : insuffisance rénale chronique (IRC), patients hémodialysés, troubles osseux ou rachitiques.
- Lorsqu’un médecin le juge nécessaire : si vous présentez des symptômes évocateurs d’un déséquilibre minéral (fatigue, crampes, douleurs osseuses) ou pour suivre un traitement pouvant influencer le calcium ou le phosphore.
Comment le faire ?
Pour réaliser un bilan phosphocalcique, une ordonnance de votre médecin est nécessaire.
Le bilan se fait par une simple prise de sang dans un laboratoire.
En général, il n’est pas nécessaire d’être à jeun et aucune préparation particulière n’est requise.
Quand faut-il le faire ?
- Contrôle de routine : tous les 6 à 12 mois si les valeurs sont normales.
- Anomalies ou pathologies chroniques : le médecin détermine la fréquence de suivi, qui peut être plus rapprochée (ex. Insuffisance rénale chronique ou dialyse).
Consultation nutritionnelle
Si vous souhaitez être accompagné pour rééquilibrer les taux de votre prise de sang, vous pouvez prendre rendez-vous en consultation au cabinet ou en visioconférence (remboursée par votre mutuelle). Vous bénéficierez ainsi d’un suivi nutritionnel personnalisé et de stratégies efficaces pour corriger durablement votre déséquilibre minéral.
Présentation des différents taux de l’examen biologique
Paramètres biologiques du bilan phosphocalcique
Le bilan phosphocalcique mesure les principaux éléments permettant d’évaluer l’équilibre du calcium et du phosphore, ainsi que le rôle de la vitamine D et de la parathormone (PTH) qui les régulent.
| Paramètre biologique | Rôle principal | Valeurs de référence usuelles | Valeurs anormales |
|---|---|---|---|
| Calcium total | Mesure la quantité totale de calcium dans le sang (forme libre + liée aux protéines) | 2,20 – 2,60 mmol/L (8,8 – 10,4 mg/dL) | Hypocalcémie < 2,20 mmol/L (< 8,8 mg/dL) Hypercalcémie > 2,60 mmol/L (> 10,4 mg/dL) |
| Calcium ionisé | Évalue la fraction active du calcium, disponible pour les cellules | 1,10 – 1,30 mmol/L (4,5 – 5,2 mg/dL) | Hypocalcémie < 1,10 mmol/L (< 4,5 mg/dL) Hypercalcémie > 1,30 mmol/L (> 5,2 mg/dL) |
| Phosphore (phosphate inorganique) | Reflète le métabolisme osseux et la fonction rénale | 0,80 – 1,50 mmol/L (2,5 – 4,5 mg/dL) | Hypophosphatémie < 0,80 mmol/L (< 2,5 mg/dL) Hyperphosphatémie > 1,50 mmol/L (> 4,5 mg/dL) |
| Vitamine D (25(OH)D) | Essentiel à l’absorption du calcium et du phosphore | 75-250 nmol/L | Carence < 50 nmol/L (< 20 ng/mL) Insuffisance 50 – 74 nmol/L (20 – 29 ng/mL) |
| Parathormone (PTH) (selon indication) | Hormone qui régule le calcium et le phosphore dans le sang et les os | 15 – 65 pg/mL (1,6 – 6,9 pmol/L) | Hypoparathyroïdie < 15 pg/mL (< 1,6 pmol/L) Hyperparathyroïdie > 65 pg/mL (> 6,9 pmol/L) |
Paramètres biologiques complémentaires (interprétation)
Certains dosages peuvent être ajoutés pour mieux interpréter les résultats du bilan phosphocalcique.
La mesure de l’albumine permet de corriger le calcium total lorsque cette protéine est basse. Cela aide à distinguer une fausse hypocalcémie (liée à une hypoalbuminémie) d’une véritable hypocalcémie.
La créatinine, quant à elle, renseigne sur la fonction rénale, qui influence directement les taux de calcium, de phosphore et de vitamine D dans le sang. Une créatinine élevée (hypercréatininémie), caractéristique d’une insuffisance rénale ou d’une réduction du débit de filtration glomérulaire, peut entraîner une hyperphosphatémie, car vos reins éliminent moins le phosphore. Dans certains cas, cette hyperphosphatémie provoque une précipitation du calcium, entraînant une hypocalcémie, que votre organisme peut compenser par une hyperparathyroïdie secondaire (PTH élevée).
| Paramètre biologique | Rôle principal dans le bilan phosphocalcique | Valeurs de référence usuelles |
|---|---|---|
| Albumine | Sert à corriger le calcium total | 35 – 50 g/L (3,5 – 5,0 g/dL) |
| Créatinine | Évalue la fonction rénale (régulation du calcium, du phosphore et de la vitamine D) | Homme : 62 – 115 µmol/L (0,7 – 1,3 mg/dL) Femme : 53 – 97 µmol/L (0,6 – 1,1 mg/dL) |
Pour corriger le calcium total on utilise la formule :
Calcium total corrigé (mmol/L) = Calcium total mesuré + 0,02 x (40 – albumine (g/L))
ou, selon les unités :
Calcium total corrigé (mg/dL) = Calcium total mesuré + 0,8 x (4 – albumine (g/dL))
Valeurs anormales du bilan phosphocalcique
Calcémie anormale
La calcémie correspond au taux de calcium présent dans votre sang.
Lorsque le taux de calcium est trop bas, on parle d’hypocalcémie. Cela signifie que votre organisme manque de calcium circulant dans le sang. Elle correspond à un calcium total inférieur à 2,20 mmol/L (8,8 mg/dL) ou un calcium ionisé inférieur à 1,10 mmol/L (4,5 mg/dL).
À l’inverse, lorsque le taux de calcium est trop élevé, on parle d’hypercalcémie. Cela traduit un excès de calcium dans le sang. Elle correspond à un calcium total supérieur à 2,60 mmol/L (10,4 mg/dL) ou un calcium ionisé supérieur à 1,30 mmol/L (5,2 mg/dL).
Tableau récapitulatif :
| Déséquilibre | Causes principales |
|---|---|
| Hypocalcémie |
– Hypoparathyroïdie – Hypovitaminose D – Insuffisance rénale chronique – Cirrhose – Pancréatite aiguë – Maladie cœliaque – Ostéomalacie – Grossesse – Allaitement |
| Hypercalcémie |
– Excès d’apport en calcium – Hyperparathyroïdie – Hypervitaminose D – Ostéolyses malignes – Myélome – Sarcoïdose – Acromégalie – Hypercalcémie paranéoplasique |
Pour en savoir plus sur le calcium :
Vous pouvez consulter cet article pour optimiser vos apports grâce à votre alimentation.
Phosphorémie anormale
La phosphorémie correspond au taux de phosphore dans votre sang.
Lorsque le taux de phosphore est trop bas, on parle d’hypophosphorémie (< 0,80 mmol/L). À l’inverse, lorsque la concentration en phosphore est trop élevée, on parle d’hyperphosphorémie (> 1,50 mmol/L).
Tableau récapitulatif :
| Déséquilibre | Causes principales |
|---|---|
| Hypophosphorémie |
– Hyperparathyroïdie – Ostéomalacie – Carence en vitamine D – Retard de croissance – Malabsorption digestive |
| Hyperphosphorémie |
– Exercice physique – Hypoparathyroïdie – Hypervitaminose D – Acromégalie – Insuffisance rénale chronique – Fracture en voie de consolidation – Rachitisme |
Vitamine D anormale
La vitamine D est une hormone essentielle à l’absorption du calcium et du phosphore, deux minéraux indispensables à la solidité des os.
Un manque de vitamine D (hypovitaminose D) peut correspondre à une carence lorsque le taux est inférieur à 50 nmol/L (< 20 ng/mL), ou à une insuffisance lorsqu’il se situe entre 50 et 74 nmol/L (20 – 29 ng/mL).
Ce déficit peut diminuer l’absorption du calcium et du phosphore, entraînant à long terme un risque de déséquilibre du métabolisme osseux. Ainsi, il est possible que le bilan phosphocalcique reste normal : cela signifie que le manque de vitamine D n’a pas encore affecté les taux sanguins de calcium et de phosphore.
À l’inverse, un taux supérieur à 250 nmol/L indique une hypervitaminose D, une situation rare généralement liée à une supplémentation excessive.
Tableau récapitulatif :
| Déséquilibre | Causes principales |
|---|---|
| Hypovitaminose D |
– Alimentation pauvre en vitamine D – Exposition solaire insuffisante – Problèmes d’absorption intestinale dus à des maladies digestives chroniques (maladie cœliaque, maladie de Crohn, cholestase) ou à une chirurgie digestive ou bariatrique – Altération de la conversion hépatique ou rénale |
| Hypervitaminose D | – Supplémentation excessive sans suivi |
Parathormone (PTH) anormale
La parathormone (PTH) est une hormone produite par les glandes parathyroïdiennes. Elle joue un rôle essentiel dans la régulation du calcium et du phosphore dans le sang et les os.
Lorsque le taux de parathormone est trop bas, on parle d’hypoparathyroïdie (< 15 pg/mL, soit < 1,6 pmol/L).
Cette situation correspond à une production insuffisante de PTH, pouvant entraîner une diminution du calcium sanguin (hypocalcémie) et parfois une augmentation du phosphore (hyperphosphatémie). En cas d’hypoparathyroïdie, la PTH ne stimule plus suffisamment la libération de calcium par les os ni sa réabsorption au niveau des reins.
À l’inverse, lorsque le taux de parathormone est trop élevé, on parle d’hyperparathyroïdie (> 65 pg/mL, soit > 6,9 pmol/L).
Elle correspond à une sécrétion excessive de PTH, provoquant souvent une élévation du calcium sanguin (hypercalcémie) et une diminution du phosphore (hypophosphatémie), dues à une libération accrue de calcium par les os et à une réabsorption augmentée par les reins.
Tableau récapitulatif :
| Déséquilibre | Causes principales |
|---|---|
| Hypoparathyroïdie |
– Chirurgie du cou (thyroïde ou parathyroïdes) ayant endommagé ou retiré les glandes parathyroïdes – Destruction des glandes parathyroïdes par le système immunitaire – Anomalies génétiques affectant la fonction parathyroïdienne – Carence sévère en magnésium – Causes transitoires : certaines infections, traitements ou déséquilibres électrolytiques |
| Hyperparathyroïdie |
– Primitive : due à une tumeur bénigne (adénome) d’une glande parathyroïde (dans 80 à 85 % des cas) ou à une hyperplasie (augmentation du volume des glandes) – Secondaire : réponse du corps à une hypocalcémie prolongée, souvent causée par une insuffisance rénale chronique, une carence en vitamine D ou une malabsorption intestinale (maladies digestives, chirurgie bariatrique) – Tertiaire : survient après une hyperparathyroïdie secondaire prolongée, notamment chez les patients atteints d’insuffisance rénale chronique |
Stratégies nutritionnelles selon le déséquilibre phosphocalcique
Les déséquilibres du calcium et du phosphore peuvent avoir des causes très variées, et les stratégies nutritionnelles dépendent directement de l’origine de ces anomalies. Il est donc essentiel de déterminer la cause exacte avant d’adopter une alimentation spécifique, afin de vous éviter toute complication et d’optimiser votre équilibre phosphocalcique.
Stratégies nutritionnelles adaptées :
- Alimentation normocalcique : en cas d’hypercalcémie ou d’hyperparathyroïdie primaire.
- Alimentation riche en calcium et en vitamine D : en cas d’hypocalcémie ou d’hyperparathyroïdie secondaire.
- Alimentation raisonnée en phosphore : en cas d’hypoparathyroïdie.
Si vous souffrez d’insuffisance rénale chronique (IRC), je vous invite à consulter cet article pour découvrir les stratégies nutritionnelles adaptées, qui vous permettront de soutenir votre fonction rénale tout en maintenant votre équilibre phosphocalcique.




